La docteure répond

Un revenant : le zona

Vous vivez un certain stress depuis peu : dépression, divorce, mort d’un proche ou déception politique. Un beau matin, vous ressentez une brûlure sur le côté de votre abdomen, puis apparaissent de petits boutons dans cette même région. À votre bilan s’ajoute de la douleur. À la clinique le lendemain, on vous diagnostique un zona. De quoi s’agit-il ?

Le zona est une réactivation de votre varicelle. Oui, pendant plusieurs décennies, vous avez hébergé le virus de la « picote », qui ne vous a jamais vraiment quitté depuis la prématernelle. Le varicella-zoster (le virus de la varicelle et du zona) a la fâcheuse habitude de se loger dans un nerf, comme en dormance, pour en ressortir plus tard sous forme de zona. Il choisit souvent les meilleurs moments pour se manifester, notamment les situations où votre système immunitaire est affaibli (stress, vieillissement, maladie et autres moments où vous n’avez pas besoin de votre plus fidèle ennemi).

La douleur peut apparaître avant les boutons. Ces derniers sont d’ailleurs toujours situés dans une zone assez bien délimitée, d’un seul côté de votre corps (cela correspond au territoire du nerf où le virus avait élu domicile). Ils disparaissent habituellement en une dizaine de jours. L’ennui, c’est que la douleur a aussi tendance à survivre aux boutons. Le zona aura eu le temps de créer du dommage dans ce nerf qui vous transmet par conséquent des signaux de douleur. Chez certains patients, ce phénomène sera transitoire, alors que d’autres devront vivre avec cette douleur pendant des mois ou même des années.

Que faire pour ne pas vous retrouver dans cette dernière catégorie ? Certains médicaments antiviraux peuvent diminuer vos symptômes en phase aiguë et aider à prévenir la survenue de la douleur chronique. Toutefois, pour être efficaces, ceux-ci doivent être administrés tôt. N’attendez pas avant d’aller chercher un avis médical. Leur efficacité est incertaine dès 72 h après le début de vos symptômes. Consultez aussi un médecin très rapidement si vos boutons se situent au niveau de votre visage, car il faudra qu’on s’assure qu’il n’y a pas de danger pour vos yeux. On en profitera pour évaluer votre niveau de douleur et vous prescrire des analgésiques en conséquence.

Pendant que vous avez encore des boutons, couvrez vos lésions et prenez garde aux contacts avec les gens plus vulnérables : femmes enceintes, très jeunes enfants, personnes avec une suppression du système immunitaire ou simplement celles qui n’ont pas eu la joie de connaître la varicelle.

Vous êtes contagieux et pourriez leur transmettre un souvenir de votre enfance ! Faites attention au grattage pour ne pas inviter un deuxième microbe à vous donner une infection de la peau, une rencontre peu réjouissante.

Tournons le fer dans la plaie : sachez qu’il existe un vaccin qui aide à prévenir le zona. Selon les études, il réduit l’incidence de cette maladie d’environ 50 %. Cette protection diminue avec le temps et devient incertaine après cinq ans. Il est indiqué chez les gens de plus de 60 ans, car les risques de faire un zona augmentent avec l’âge. Il n’est cependant pas couvert par le programme normal d’immunisation au Québec. La plupart des patients ne connaîtront jamais un deuxième épisode de zona, surtout dans l’année suivant les symptômes (votre système immunitaire est bien sensibilisé !). Malgré tout, vous pouvez décider de vous le procurer pour fouetter les troupes, cela à partir de six mois à un an après votre épisode. Parlez-en à votre médecin. Vous trouverez des informations sur le site du Portail santé mieux-être du gouvernement du Québec. 

Enfin, la varicelle a ses mécanismes bien particuliers pour venir vous embêter à des moments inattendus. Tout le monde n’a pas la chance de la recroiser sous forme de zona, mais vous avez maintenant au moins une certitude : vous n’êtes jamais vraiment seul !

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